Un choc violent direct ou indirect à la tête, que ce soit via un accident d’automobile ou lors d’un sport de contact, ou simplement à partir d’une vilaine chute sur la tête, peut provoquer des symptômes physiques, sensoriels, cognitifs et affectifs. Si tel est le cas, cela signifie que la secousse à la tête, au visage ou au cou était si violente et brusque que le cerveau s’est heurté contre les parois interne de la boîte crânienne causant des dommages aux neurones et à leurs prolongements (axones). C’est ce qu’on appelle une commotion cérébrale.
La commotion cérébrale est une catégorie de traumatisme crânien appelé aussi traumatisme cranio-cérébral (TCC). Par définition, un TCC cause une destruction ou une dysfonction du système nerveux intracrânien. Il provoque généralement un changement soudain de l’état de conscience, variant en gravité (d’une simple confusion à un coma) et en durée (de quelques secondes, minutes, heures ou se prolonger pendant des jours, des mois et même des années). On reconnaît 3 niveaux de sévérité : légers (sans perte de conscience ni fracture du crâne), modérés (perte de conscience ou fractures du crâne) ou graves (avec coma).
Lors d’un traumatisme cranio-cérébral, il peut y avoir des décharges électriques et chimiques anormales dans le cerveau (appelé une cascade neurométabolique), ce qui perturbe l’équilibre et le bon fonctionnement du cerveau. Même si un scan cérébral (IRM ou CT-Scan) confirme qu’il n’y a pas de fractures du crâne, ni d’hémorragie cérébrale (saignement au cerveau), ni d’œdème cérébral (enflure au cerveau), cela ne veut pas dire que tous les neurones sont intacts. Dans plusieurs cas, les axones des neurones ont été tordus, torsadés, compressés, déchirés totalement ou partiellement, et ne se voit pas avec l’IRM ou le CT-Scan. Ces décharges peuvent causer un déséquilibre chimique et métabolique, une hyperexcitation des neurones, une modification de l’oxygénation et du glucose cérébral, et une neuroinflammation du tissu cérébral.
Dans ce cas, l’électroencéphalographie (EEG) permet mieux de mesurer quantitativement le fonctionnement du cerveau. De cette façon, il est possible de mesurer s’il y a ralentissement du rythme cérébral, s’il y a hyperexcitation de l’activité des neurones, s’il y a des décharges électriques, des arythmies du signal neuroélectrique, ou s’il y a un décalage du signal (appelé délai de phase et cohérence entre les régions du cerveau).
Les microdéchirures des axones reliant différentes parties du cerveau provoquent un ralentissement de l’activité cérébrale. Ce ralentissement créé souvent une impression de décalage chez les gens. Ils se plaignent de ne plus être capable de suivre le rythme rapide autour d’eux. Ils ont l’impression d’être en décalage avec les autres lors d’une discussion. Ils ressentent aussi un décalage dans l’exécution de leur mouvement rapide dans un sport par exemple. De plus, beaucoup se plaignent que « tout est trop ». Leur cerveau montre une difficulté dans l’intégration des stimuli, ce qui donne l’impression de saturer trop rapidement face à trop de stimuli, comme si le cerveau ne pouvait plus traiter l’information. L’hypersensibilité (ou intolérance) à la lumière, aux bruits ou aux sons aigus sont assez fréquents. Beaucoup de gens atteint d’un TCC se plaignent d’une plus grande sensibilité à l’anxiété (« un rien leur stress ») ou une plus grande difficulté à diminuer leur stress.
Les déséquilibres neurochimiques entraînent un dysfonctionnement des capacités cognitives (surcharge cognitive trop rapide, altération de la concentration et de la mémoire, altération dans la capacité de planification et d’organisation/gestion, ralentissement de la pensée ou de l’exécution des intentions). C’est pour cette raison qu’il peut être pertinent de procéder à l’évaluation neuropsychologique afin de vérifier les capacités cognitives touchées.
Normalement, les symptômes observés devraient disparaître après environ 14 jours de récupération. Dans 25% des cas, des symptômes persistent, et ces individus risquent de développer un syndrome post-commotionnel, c’est-à-dire que ce profil de symptôme risque de se chroniciser et de perdurer pendant plusieurs mois, années, et même devenir permanent.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Association américaine de psychiatrie, le syndrome post-commotionnel correspond à des symptômes physiques, cognitifs et psychologiques ainsi qu’à des déficits cognitifs qui persistent à la suite d’un traumatisme crânien. Ces symptômes et ces déficits perturbent le fonctionnement social, familial, professionnel ou scolaire de l’individu au quotidien.
Si vous avez eu un choc important à la tête, que vous observez des changements persistants par la suite, et que vous avez plusieurs symptômes énumérés dans la liste ci-bas, consultez immédiatement un neuropsychologue. La persistance de ses symptômes doit être prise au sérieux. Le neuropsychologue jouent un rôle important dans l’évaluation des séquelles résiduelles, dans la gestion du retour au travail ou au retour dans le sport, ainsi que dans la planification d’un plan de remédiation cognitive.
Symptômes sensoriels (altération ou baisse du seuil de réactivité)
- Sensibilité devenue exagérée à la lumière (photosensible), aux écrans/tablettes, le soir.
- Baisse de la vision (de l’acuité visuelle, dipotrie).
- Vision devenue embrouillée, trouble, double (diplopie).
- Dysfonctions oculomotrices (des mouvements des yeux et les poursuites visuelles).
- Difficulté avec la vision de proche vs loin.
- Insuffisance d’accommodation (diminution de la capacité de focalisation).
- Syndrome visuel post-traumatique/Syndrome de déviation de la ligne médiane (voir les objets qui se déplacent alors qu’ils savent qu’ils sont immobiles, voir des mots qui s’entremêlent; et de vivre un flou intermittent).
- Sensibilité devenue exagérée aux bruits (audiosensible). Besoin d’un environnement calme.
- Baisse de l’audition (de l’acuité auditive).
- Bourdonnements/cillement d’oreille, acouphènes.
Symptômes physiques (énergie, sommeil)
- Plus faible tolérance/résistance/endurance à l’effort physique par rapport à avant.
- Depuis, suite à l’effort physique, je tremble plusieurs heures après.
- Présence de maux de tête, céphalées, tension ou pression à la tête depuis l’accident.
- Étourdissements, vertiges, troubles de l’équilibre, impression de tanguer depuis l’accident.
- Sentiment de pression (intracrânienne) dans la tête, d’avoir la tête dans un étau depuis l’accident.
- Nausées et vomissements fréquents.
- Fatigue, fatigabilité accrue, manque d’énergie, s’épuise trop facilement.
- Impression que la « batterie » n’arrive pas à se charger complètement.
- Impression que la « batterie » se vide trop rapidement, que tout prend trop d’énergie.
- Apparition de douleurs chroniques (tension au cou, au dos, à un membre).
- Engourdissement dans certains membres (visage, bras, jambes, doigts). Unilatéral ou bilatéral?
- Plus de difficulté à initier le sommeil par rapport à avant.
- Plus de difficulté à se rendormir une fois réveillé par rapport à avant.
- Sentiment que le sommeil n’arrive pas à être récupérateur comparé à avant.
- Plus grand besoin de dormir par rapport à avant (hypersomnie).
- Nécessité de prendre des siestes en après-midi, contrairement à avant.
- Plaintes de somnolence durant la journée.
Symptômes émotionnels (humeur) et dans les relationnels
- Plus faible tolérance/résistance/endurance à l’anxiété, plus facilement anxieux, nerveux qu’avant.
- Plus grande sensibilité émotionnelle (« à fleur de peau ») qu’avant.
- Plus grande émotivité, labilité émotionnelle (parfois même inapproprié) qu’avant.
- Plus grande irritabilité, frustration, se fâche facilement, agressivité qu’avant.
- Plus grande impatience, impulsivité, agitation qu’avant (« tout m’énerve! »).
- Plus grand sentiment de déprime, d’être souvent au bord des larmes, d’être triste qu’avant.
- Pleure plus souvent qu’avant et pour pas grand chose.
- Perte d’intérêt, de motivation, de drive.
- Perte d’espoir, découragement de l’état.
- Sentiment d’être usé, brisé, défectueux, que quelque chose a brisé en moi.
- Impression de ne plus se reconnaître, ne plus reconnaître ses comportements (« Ce n’est plus ma tête! »).
- Peur que l’état cérébral/mental demeure permanent.
- Impression que l’état du cerveau n’est pas revenu comme avant.
- Peur que le cerveau ne revienne pas comme avant.
- Peur et évitement des situations reliées à l’accident.
- Impression de ne pas être comprise par personne.
- Impression d’être fou(folle) et vide dans la tête (« impression que les fils ne se touchent pas dans la tête »).
- Tendance à s’isoler pour ne pas être vu dans cette condition ou pour éviter de répondre aux questions.
- Impression de ne plus être la même personne qu’avant.
- Sentiment de honte de son état qui amène de l’évitement social.
- Impression que tout paraît comme une montagne.
- Arrivée des idées suicidaires à l’idée que l’état serait permanent (atteinte à l’orgueil, à l’identité, à la raison de vivre).
Symptômes cognitifs et habiletés de communication
- Plus faible tolérance/résistance/endurance à l’effort intellectuel/cognitif par rapport à avant.
- Surcharge cognitive rapide lorsqu’il y a trop de stimuli visuels ou s’ils sont trop rapides (ex. : sur la route). (« Tout doit aller moins vite autour de moi, sinon je décroche »).
- Surcharge cognitive rapide face aux bruits (souper de groupe, fête, etc.) (« Les gens doivent parler moins fort et moins vite si je veux les comprendre, sinon je décroche »).
- Sentiment de décalage (d’être déphasé) entre ce que je veux dire et ce que je dis réellement.
- Sentiment de décalage (d’être déphasé) entre ce que je veux faire et ce que je fais réellement.
- Sentiment d’avoir un délai dans la tête quand je réponds à quelqu’un.
- Sentiment de se perdre dans sa tête, d’être perdu.
- Sentiment d’être éparpillé dans sa tête.
- Pertes de mémoire à court terme, oublis, perdre des choses beaucoup plus qu’avant.
- Commence à oublier des choses qui pourraient me mettre moi ou les autres en danger (ex.: rond de poêle).
- Commence à ne plus reconnaître certaines personnes que j’ai vu.
- Commence à oublier les noms des gens.
- Baisse de la concentration (sélective, soutenue), plus souvent dans la lune, fixe plus souvent.
- Ralentissement de la pensée, débit verbal diminué, lenteur d’exécution, délai. Sensation d’être au ralenti.
- Mélange de plus en plus les mots (se tromper de mots).
- Plus grande difficulté de planification et d’organisation qu’avant.
- En conversation, difficulté à trouver ses mots, difficulté d’articulation, baisse de la fluidité verbale.
- Sentiment d’avoir la tête dans les nuages (foggy).
- Sentiment de ne plus être capable de suivre le rythme (de la vie, des gens), d’être en décalage.
- Hésite beaucoup plus qu’avant avant de prendre des initiatives (tâches, activités).
- Hésite beaucoup plus qu’avant avant de prendre des décisions. Plus difficile qu’avant avant de prendre des décisions.
- Hésite et est beaucoup plus lent à passer à l’action qu’avant.
- Le jugement n’est plus pareil et de mauvaises décisions se prennent de plus en plus.
- Je ne fais plus confiance à mon cerveau maintenant.
- Tendance à se répéter de plus en plus (à radoter).
- De plus en plus désorienté dans le temps.
- De plus en plus désorienté dans l’espace.
- Parfois vit de la confusion dans des endroits pourtant familiers.
- Procrastine beaucoup plus qu’avant à faire des tâches.
- Difficulté à jeter et accumule de plus en plus de choses.
- Difficulté à faire 2 choses en même temps (attention divisée)
- Capacité à parler à qqn pendent que cette personne bouge, gesticule.
- Capacité à écouter qqn qui parle vite.
- Écrire tout en écoutant.
- Préparer un repas en parlant ou écoutant quelqu’un.
- Conduire l’auto et parler à un passager.
- Conduire l’auto et écouter la musique.
- Manger et réfléchir en même temps.
- Faire du ménage en écoutant de la musique.